Hommage à l’acteur Robert Redford : l’icône qui a su mêler grâce, intégrité et engagement
Hommage à l’acteur Robert Redford : l’icône qui a su mêler grâce, intégrité et engagement.
Robert Redford : l’icône qui a su mêler grâce, intégrité et engagement
Robert Redford nous quitte à l’âge de 89 ans, un fabuleux acteur et grand citoyen qui nous laisse une œuvre riche et une vie bien remplie.
L’élégance d’une star, la conscience d’un citoyen
Il est de ces acteurs dont le nom seul évoque une époque, une esthétique, presque une philosophie du cinéma. Robert Redford, né Charles Robert Redford Jr. en 1936 à Santa Monica, fut plus qu’un acteur : il incarna une certaine idée de l’Amérique. Celle d’un pays capable de produire à la fois des légendes hollywoodiennes et des voix critiques, des séducteurs charismatiques et des artistes consciencieux.
Pendant plus de six décennies, Redford a construit une carrière hors norme. À l’écran, il a offert au public des personnages qui ont marqué l’imaginaire collectif, des cowboys solitaires aux journalistes incorruptibles, en passant par les escrocs élégants et les amants tourmentés. Derrière la caméra, il a prouvé qu’il était bien plus qu’un visage : un conteur, un moraliste, un homme attaché à l’intime.
Mais ce qui distingue Robert Redford des autres géants d’Hollywood, c’est aussi sa capacité à faire dialoguer le glamour et la conviction, le succès populaire et l’engagement citoyen.
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Les années d’ascension : un visage, un style, une génération
Les débuts de Redford se font modestement, entre télévision et petits rôles au cinéma. C’est au théâtre qu’il commence à attirer l’attention, notamment à Broadway dans Barefoot in the Park (1963). Sa beauté solaire et son regard clair en font rapidement un espoir d’Hollywood. Mais c’est en 1969 que tout bascule : Butch Cassidy and the Sundance Kid, réalisé par George Roy Hill, le propulse au rang de star internationale. Son duo avec Paul Newman, mélange de charisme et d’alchimie amicale, devient mythique.
À partir de là, Redford incarne une nouvelle masculinité hollywoodienne. Plus subtil que les colosses des années 50, plus accessible que les icônes du Nouvel Hollywood comme Pacino ou De Niro, il devient le visage d’un cinéma à la fois glamour et réfléchi. Les succès s’enchaînent : The Candidate (1972), satire politique, The Way We Were (1973), mélodrame romantique avec Barbra Streisand, puis The Sting (1973), triomphe commercial et critique.
Dans les années 70, Redford devient aussi un acteur engagé. All the President’s Men (1976), où il incarne Bob Woodward, journaliste du Washington Post qui a révélé le scandale du Watergate, marque un tournant. Plus qu’un simple thriller politique, le film symbolise la capacité du cinéma américain à interroger le pouvoir et la vérité. Redford n’y est pas seulement acteur : il est aussi producteur, prouvant son désir de participer activement aux récits qu’il porte.
Le réalisateur : l’art du regard intime
Si Redford a marqué l’histoire comme acteur, il a surpris tout Hollywood en passant derrière la caméra. Son premier film, Ordinary People (1980), est un coup de maître. Ce drame sur une famille brisée par la perte et le silence des émotions remporte quatre Oscars, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur. Pour un premier essai, la performance est exceptionnelle.
Ce succès n’est pas un hasard. Redford, derrière la caméra, cherche moins l’esbroufe que la vérité des personnages. Ses films parlent de dilemmes moraux, de fractures sociales, de vulnérabilité humaine. Dans A River Runs Through It (1992), il livre une fresque poétique sur la famille et la nature, qui révèle un jeune Brad Pitt. Dans Quiz Show (1994), il interroge les dérives médiatiques de l’Amérique des années 50. Avec The Horse Whisperer (1998), il mêle romance et méditation sur la guérison, devant et derrière la caméra.
Réalisateur respecté, Redford restera néanmoins fidèle à un cinéma sobre, classique dans sa forme mais ambitieux dans ses thématiques.
Récompenses et reconnaissance
Tout au long de sa carrière, Robert Redford accumule les distinctions. En plus de ses Oscars pour Ordinary People, il reçoit un Oscar d’honneur en 2002 pour l’ensemble de sa carrière et pour son rôle fondateur avec le Sundance Institute. Ses films ont remporté de nombreux prix internationaux, et il a été décoré de la Médaille présidentielle de la liberté en 2016 par Barack Obama, salué comme un « artiste visionnaire et un défenseur infatigable de la planète ».
Traits de caractère : discrétion et intégrité
Dans un Hollywood souvent dominé par le spectacle médiatique, Redford cultivait la retenue. Jamais accro aux excès, rarement adepte des confessions publiques, il préférait laisser parler son travail. Ses proches décrivent un homme réservé mais passionné, attaché à la cohérence entre ses valeurs et ses choix artistiques. Cette pudeur, parfois perçue comme de la distance, faisait aussi partie de son charme. Redford n’avait pas besoin de s’imposer par le bruit : il imposait le respect par la constance.
L’engagement au-delà du cinéma
Peut-être plus encore que ses films, l’héritage de Robert Redford se mesure à travers son engagement. En 1981, il fonde le Sundance Institute et le festival du même nom, véritable tremplin pour le cinéma indépendant. Quentin Tarantino, Steven Soderbergh, Darren Aronofsky, Ava DuVernay ou encore Damien Chazelle doivent en partie leur émergence à cet écosystème que Redford a contribué à bâtir.
En parallèle, il n’a jamais cessé de militer pour l’environnement. Défenseur de la nature, passionné par l’Ouest américain et ses paysages, il a soutenu les parcs nationaux, plaidé pour les énergies renouvelables et utilisé sa notoriété pour alerter sur le changement climatique. À une époque où l’écologie était encore marginale à Hollywood, Redford a fait figure de pionnier.
Pourquoi il restera aimé
Robert Redford n’était pas qu’une star, pas seulement un cinéaste, pas uniquement un militant. Il était tout cela à la fois. Un artiste complet, un homme fidèle à ses convictions, un visage qui a traversé les époques sans jamais se trahir.
Le public l’a aimé parce qu’il incarnait un idéal : celui d’une célébrité qui refuse le cynisme, d’un acteur qui prend ses rôles au sérieux, d’un réalisateur qui parle de vérité humaine, d’un citoyen qui met sa notoriété au service de causes nobles.
Biographie de Robert Redford (résumé)
Nom complet : Charles Robert Redford Jr.
Date de naissance : 18 août 1936 à Santa Monica, Californie (États-Unis).
Après des études, notamment à l’Université du Colorado et divers apprentissages artistiques, il se tourne vers le théâtre. Il débute à Broadway (notamment Tall Story), puis fait ses premiers pas à la télévision dans les années 1960, dans des séries dramatiques.
Son ascension au cinéma : il devient une figure majeure à la fin des années 60 avec des rôles dans Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969), The Sting (1973), All the President’s Men (1976), etc. Il est reconnu pour son charisme, sa capacité à incarner des personnages variés (romantique, drame, action, etc.), et son talent dramatique.
En parallèle de sa carrière d’acteur, Redford se lance dans la réalisation : son film de réalisation début (Ordinary People, 1980) remporte plusieurs Oscars, dont ceux du meilleur film et meilleur réalisateur. Il continue de réaliser des films qui mêlent souvent drame, réflexion sociopolitique, thèmes humains et nature.
Au-delà du cinéma, il est aussi un producteur, et surtout un acteur engagé : fondateur du Sundance Institute (et du Sundance Film Festival), soutien au cinéma indépendant, militant pour les causes environnementales, etc. Il a reçu de nombreuses distinctions honorifiques pour l’ensemble de sa carrière et ses engagements.
Théâtre
1959 : Tall Story
1959 : The Highest Tree
1960 : Little Moon of Alban
1961 : Sunday in New York
1963 : Pieds nus dans le parc (en) (Barefoot in the Park)
Filmographie / participation : acteur vs réalisateur
Années 1960
1960 : La Tête à l’envers (Tall Story) de Joshua Logan (non crédité)
1962 : La guerre est aussi une chasse (War Hunt) de Denis Sanders : Ray Loomis
1965 : Situation désespérée, mais pas sérieuse (Situation Hopeless, but Not Serious) de Gottfried Reinhardt : Hank
1965 : Daisy Clover de Robert Mulligan : Wade Lewis / Lewis Wade
1966 : La Poursuite impitoyable (The Chase) d’Arthur Penn : Bubber “Bobby” Reeves
1966 : Propriété interdite (This Property Is Condemned) de Sydney Pollack : Owen Legate
1967 : Pieds nus dans le parc (Barefoot in the Park) de Gene Saks : Paul Bratter
1969 : Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid) de George Roy Hill : Sundance Kid
1969 : La Descente infernale (Downhill Racer) de Michael Ritchie : David Chappellet
1969 : Willie Boy (Tell Them Willie Boy Is Here) d’Abraham Polonsky : Christopher Cooper
Années 1970
1970 : L’Ultime Randonnée (Little Fauss and Big Halsy) de Sidney J. Furie : Big Halsy Knox
1972 : Les Quatre Malfrats (The Hot Rock) de Peter Yates : John Dortmunder
1972 : Votez McKay (The Candidate) de Michael Ritchie : Bill McKay
1972 : Jeremiah Johnson de Sydney Pollack : Jeremiah Johnson
1973 : Nos plus belles années (The Way We Were) de Sydney Pollack : Hubbell Gardiner
1973 : L’Arnaque (The Sting) de George Roy Hill : Johnny Hooker (Crocheteur en VF)
1974 : Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Jack Clayton : Jay Gatsby
1975 : La Kermesse des aigles (The Great Waldo Pepper) de George Roy Hill : Waldo Pepper
1975 : Les Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor) de Sydney Pollack : Joseph Turner dit « le Condor »
1976 : Les Hommes du président (All the President’s Men) d’Alan J. Pakula : Bob Woodward
1977 : Un pont trop loin (A Bridge Too Far) de Richard Attenborough : Cdt. Julian Cook
1979 : Le Cavalier électrique (The Electric Horseman) de Sydney Pollack : Sonny Steele
Années 1980-1990
1980 : Brubaker de Stuart Rosenberg : Henry Brubaker
1984 : Le Meilleur (The Natural) de Barry Levinson : Roy Hobbs
1985 : Out of Africa de Sydney Pollack : Denys Finch Hatton
1986 : L’Affaire Chelsea Deardon (Legal Eagles) d’Ivan Reitman : Tom Logan
1990 : Havana de Sydney Pollack : Jack Weil
1992 : Les Experts (Sneakers) de Phil Alden Robinson : Martin Brice
1992 : Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It) de Robert Redford : Norman Maclean âgé (voix)
1993 : Proposition indécente (Indecent Proposal) d’Adrian Lyne : John Gage
1996 : Personnel et Confidentiel (Up Close & Personal) de Jon Avnet : Warren Justice
1998 : L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (The Horse Whisperer) de Robert Redford : Tom Booker
Années 2000
2001 : Le Dernier Château (The Last Castle) de Rod Lurie : Eugene Irwin
2001 : Spy Game, jeu d’espions (Spy Game) de Tony Scott : Nathan D. Muir
2004 : L’Enlèvement (The Clearing) de Pieter Jan Brugge : Wayne Hayes
2005 : Une vie inachevée (An Unfinished Life) de Lasse Hallström : Einar Gilkyson
2006 : Le Petit Monde de Charlotte (Charlotte’s Web) de Gary Winick : Ike (voix)
2007 : Lions et Agneaux (Lions for Lambs) de Robert Redford : Dr. Stephen Malley
Années 2010
2011 : Buck de Cindy Meehl : lui-même
2013 : Sous surveillance (The Company You Keep) de Robert Redford : Jim Grant
2013 : All Is Lost de J. C. Chandor : le navigateur
2014 : Captain America : Le Soldat de l’hiver (Captain America: The Winter Soldier) d’Anthony et Joe Russo : Alexander Pierce
2015 : Randonneurs amateurs (A Walk in the Woods) de Ken Kwapis : Bill Bryson
2015 : Truth : Le Prix de la vérité (Truth) de James Vanderbilt : Dan Rather
2016 : Peter et Elliott le dragon (Pete’s Dragon) de David Lowery : le père de Grace
2017 : The Discovery de Charlie McDowell : Thomas Harbor
2017 : Nos âmes la nuit (Our Souls at Night) de Ritesh Batra : Louis Waters
2018 : The Old Man and the Gun de David Lowery : Forrest Tucker (également producteur)
2019 : Avengers : Endgame d’Anthony et Joe Russo : Alexander Pierce
Télévision
1960 : Maverick (saison 3, épisode 23, « Iron Hand ») : Jimmy Coleman
1960 : The Deputy (saison 1, épisode 31, « The Last Gunfight ») : Burt Johnson
1960 : Hallmark Hall of Fame (Captain Brassbound’s Conversion, téléfilm) : Blue Jacket
1960 : Playhouse 90 (épisode « In the Presence of Mine Ennemies ») : le lieutenant Lott
1960 : Tate (saison 1, épisode 3, « The Bounty Hunter ») : Blue Jacket
1960 : Tate (saison 1, épisode 8, « Comanche Scalps ») : Tad Dundee
1960 : Moment of Fear (saison 1, épisode 1, « The Golden Deed ») : l’étranger
1960 : Perry Mason (saison 4, épisode 1, « The Case of the Treacherous Toupee ») : Dick Hart
1960 : Play of the Week (épisode « The Iceman Cometh ») : Don Parritt
1960 : Play of the Week (épisode « Black Monday ») : George
1960 : Our American Heritage (saison 2, épisode 2, « Born a Giant »)
1961 : Naked City (saison 2, épisode 21, « Tombstone for a Derelict ») : Baldwin Larne
1961 : The Americans (saison 1, épisode 16, « The Coward ») : George Harrod
1961 : Whispering Smith (salons 1, épisode 2, « The Grudge ») : Johnny Gates
1961 : Route 66 (saison 2, épisode 5, « First Class Mouliak ») : Janosh
1961 : C’est arrivé à Sunrise (saison 1, épisode 4, « The Covering Darkness ») : Art Ellison
1961 : Alfred Hitchcock présente (saison 7, épisode 11, « The Right Kind of Medicine ») : Charlie Marx
1962 : Suspicion (saison 1, épisode 1, « A Piece of the Action ») : Chuck Marsden
1962 : La Quatrième Dimension (saison 3, épisode 16, « Rien à craindre ») : Harold Beldon
1962 : Dr Kildare (saison 2, épisode 2, « The Burning Sky ») : Mark Hadley
1962 : Alcoa premier (saison 2, épisode 4, « The Voice of Charlie Pont ») : George Laurents
1963 : Les Incorruptibles (saison 4, épisode 15, « The Snowball ») : Jackson Emmit Parker
1963 : Suspicion (saison 1, épisode 18, « A Tangled Web ») : David Chesterman
1963 : Dick Powell Theatre (saison 2, épisode 28, « The Last of the Big Spenders ») : Nick Oakland
1963 : Breaking Point (saison 1, épisode 4, « Bird and Snake ») : Roger Morton
1963 : Le Virginien (The Virginian) (saison 2, épisode 5, « The Evil That Men Do ») : Matthew Cordell
1964 : Les Accusés (saison 4, épisode 10, « The Siege ») : Gary Degan
1993 : La Classe américaine de Michel Hazanavicius : Steven (images d’archives)
2025 : Dark Winds (saison 3, épisode 1, « Ye’iitsoh (Big Monster) ») : Joueur d’échecs
Réalisateur
1980 : Des gens comme les autres
1988 : Milagro
1992 : Et au milieu coule une rivière
1994 : Quiz Show
1998 : L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux
2000 : La Légende de Bagger Vance
2007 : Lions et Agneaux
2011 : La Conspiration
2013 : Sous surveillance